Il y a quelque chose du miroir dans les grandes plaques fissurées d’Armelle, comme si ces lignes et ces fragments dessinaient l’horizon vertical d’un paysage intérieur.
Ce paysage, Anthony et moi l’arpentons comme un pays natal accidenté, traquant nos propre schizes afin de faire carte ensemble, au risque de nous retrouver dans un état d’extrême secousse, éclaircie d’irréalité, avec dans un coin de soi-même des morceaux du monde réel… (A Artaud. Le pèse-Nerf 1929)
C’est qu’ici, si la faille n’est pas intentionnelle, elle n’est pas non plus fruit du hasard. Elle résulte d’une tension, cette même tension qui, chez d’autres, donne naissance à un rythme, à une écriture.
Le potier et l’écrivain savent bien tout deux qu’in fine, c’est le Feu, le Verbe, qui décide. Ici donc, c’est une Force qui fait faille, une tension qui fait signe, un accident qui fait sens.
Cela dit un peu de notre ouvrage commun: une attention particulière à l’indicible inattendu.
Pour ma part, je suis allé puisé dans mes archives vidéographiques matières et mémoires brisées, lignes de rupture et de risque, gouffres, entrailles et interstices.
J’ai composé, journal accidentel, une introspection par la faille, qui tente de dire un peu de ce cinéma nu, qui d’un torrent himalayen à un musée de l’Homme vide, qui des mines de Silésie à un four Anagama, est entré en Terre Cuite.
J’écris donc de ce cinéma qu’il est entré en terre cuite comme on dit qu’on entre en résistance. En tension.